Retour sur "l'Immersive Learning Symposium" organisé par Meta

Le 30 novembre 2023 s’est tenu, à Bruxelles, « l’Immersive Education Symposium ». Organisée par Meta, cette conférence avait pour thématique principale : les apports de la réalité virtuelle (VR) et de la réalité étendue (XR) dans l’éducation et la formation.

C’est dans cette optique que Vanessa PENELOPE, Directrice Générale de l’association France Immersive Learning, avait été conviée à prendre part à cette journée pour évoquer les apports mais aussi les freins à l’intégration des technologies immersives dans l’éducation et la formation.

Une occasion de revenir sur les possibilités offertes par l’immersif

Dans un environnement virtuel pensé pour l’apprentissage, de nombreux freins à l’acquisition ou à la mise en œuvre de compétences disparaissent. L’altérité offerte par les univers immersifs permet de se détacher, partiellement, de ses propres limitations et facilite l’acceptation du droit à l’erreur.

Lors de son intervention, Vanessa PENELOPE a également rappelé la capacité des technologies immersives, et en particulier de la VR, à focaliser les apprenants sur le sujet d’étude.

Pour illustrer son propos, elle a repris l’un des nombreux cas d’usages présents dans l’ouvrage « Tout savoir sur l’Immersive Learning », publié en septembre 2023 par l’association. Au sein de l’Université de Nantes, des étudiants français devaient collaborer et débattre en anglais dans un univers virtuel. Les enseignants ont rapidement remarqué que l’utilisation de la modalité immersive permettait de désinhiber les échanges, de les dynamiser. L’utilisation d’avatars a également permis à chacun de s’approprier plus rapidement son rôle, notamment, lors des débats.

Elle a, néanmoins, rappelé que si de plus en plus d’enseignants s’intéressent aux technologies immersives, il reste encore un long chemin avant que l’ensemble du corps enseignant prenne conscience de leur potentiel à les aider dans leur mission de pédagogues. C’est d’ailleurs, l’une des raisons pour lesquelles l’association a publié un guide cette année : démystifier et éclairer sur le sujet de l’Immersive Learning.

Réalité étendue et accessibilité

Neil McDonnell, professeur de philosophie et des technologies de réalité étendue à l’université de Glasgow, a rappelé que l’utilisation des technologies immersives dans l’éducation est principalement freinée par deux facteurs. Le premier, le coût financier pour équiper une classe entière en casques de réalité virtuelle. Quant au second, il s’agit du besoin d’une connexion internet stable et rapide.

Mais, une fois ces deux conditions réunies, l’apport des technologies immersives ne fait aucun doute pour lui. Il l’a démontré en prenant l’exemple de la visite d’un site archéologique de l’Âge de fer. Grâce à la réalité virtuelle, l’enseignant peut faire visiter un chantier archéologique à l’ensemble de ses apprenants… Et cela tout au long de l’année. Les étudiants réalisent, eux-mêmes, les fouilles et examinent leurs découvertes sous de multiples angles. Autant de manipulations irréalisables sur le site réel. Pour lui, les outils de réalité étendue élargissent les possibilités pédagogiques, aussi bien pour ce qui est transmis que pour la façon de le faire.

Pour Asta Olga Magnusdottir, cofondatrice d’Astrid (une organisation Islandaise spécialisée dans l’éducation autour du changement climatique), il faut que les parties prenantes se concentrent sur certaines questions en développant ces nouvelles technologies. Parmi elles, « Comment s’intègrent-elles dans le cursus ? » ou « Comment les intégrer dans la salle de classe ? ». Elle précise, d’ailleurs, que ces réflexions ne peuvent être menées sans l’appui des enseignants.

Un point de vue partagé par Markku Turunen, professeur en technologies interactives à l’Université de Tampere, qui a collaboré à la stratégie nationale finlandaise en matière de Metavers. Pour lui, le secteur éducatif dans son ensemble, et en particulier ses plus hautes instances, doit davantage s’intéresser aux technologies immersives. Il insiste également sur la nécessité d’en accroître l’accessibilité afin qu’un maximum d’utilisateurs en tire les bénéfices.

Meta et l’éducation

La journée a été marquée par une prise de parole de Nick Clegg, Président des Affaires Internationales chez Meta, ancien Député européen et ancien vice-Premier ministre du Royaume-Uni.

Après avoir évoqué sa première expérience du Metavers qui était, avec le recul, « une expérience assez bancale », il est revenu sur ce qu’il en a pensé à l’époque : « s’il est possible d’apprendre des choses de cette façon […], on s’en souviendra bien mieux ». Il ajoute, « J’ai quasiment 57 ans. Je suis donc de la génération qui a appris avec une feuille et un stylo. Mais avec la réalité virtuelle, il est possible d’apprendre des centaines de choses sur l’Ancienne Rome en les vivant plutôt qu’en les lisant. De même, il est possible d’apprendre l’anatomie en voyageant dans le corps humain plutôt qu’en consultant des dizaines de schémas… Il est évident que tout cela est bien plus engageant, plus inspirant et plus marquant. » et de conclure en rappelant « il n’y a rien d’important dans la vie d’une personne qui ne dépende pas, d’une façon ou d’une autre, de son éducation ».