Interview : Clara Echassoux
Clara ECHASSOUX, VIP Sales chez Actronika.
Comment est né le projet Actronika ?
Actronika est né en 2016 des travaux de Vincent Hayward qui travaillait depuis de nombreuses années sur la technologie haptique. Professeur à la Sorbonne et membre de l’Académie des Sciences, il s’est associé à Rafal Pijewski et Gilles Meyer pour fonder Actronika. Si Vincent nous a quittés il y a peu, la société perpétue son héritage et ses travaux. L’équipe compte, aujourd’hui, une quinzaine de personnes.
Quels types de dispositifs proposez-vous ?
L’haptique est la science du toucher et nous sommes spécialisés dans les technologies vibro-tactiles. Nous amenons le sens du toucher dans n’importe quel dispositif.
Pour le secteur automobile, nous développons l’Haptic Feedback. Cela va des écrans aux sièges qui alertent les conducteurs d’une déviation de trajectoire, du franchissement d’une ligne continue, etc. Nous proposons également cette technologie aux exploitants de salles de cinéma qui, grâce à elle, proposent aux spectateurs des expériences encore plus immersives.
Nous travaillons également avec l’industrie du luxe pour laquelle nous créons des expériences immersives et multisensorielles en boutiques. Par exemple, pour Bulgari, nous avons conçu un dispositif qui permet de ressentir les essences qui tombent dans le parfum, le liquide qui tourne, … Grâce à des vibrations haute-définition et d’une grande précision.
Notre technologie trouve également des applications dans les secteurs de la formation et de la défense. Pour Safran, nous avons développé un manche qui avertit les pilotes des sorties de zone de vol et leur fournit bien d’autres informations. Cette capacité à transmettre des informations, autrement que par la vue ou l’ouïe, nous permet d’imaginer des applications pour l’accessibilité.
Une grande partie de notre activité est de concevoir des solutions aux besoins spécifiques de nos clients mais nous commercialisons également nos propres produits. Le plus populaire est, incontestablement, notre veste haptique qui s’appelle Skinetic.
Comment fonctionne Skinetic et quelles en sont les principales applications ?
Notre veste intègre 20 actionneurs. Il s’agit de moteurs vibrants qui permettent de ressentir physiquement tous types d’interactions. Elle peut être utilisée pour les jeux vidéo, les films mais aussi la musique et la formation. Actuellement, elle est principalement utilisée par des professionnels qui proposent des expériences immersives à leurs clients. Nous travaillons beaucoup avec les salles d’arcades ou de jeux en VR mais aussi avec des organismes destinés aux forces de l’ordre ou aux armées. Grâce à nos vestes, elles s’entraînent avec des armes factices, tout en ressentant des sensations très proches de la réalité opérationnelle.
Quelles sont les autres applications de votre technologie en matière de formation ?
Impossible de toutes les citer mais je pense notamment à un dispositif qui s’appelle XRPaint. Il permet aux peintres industriels, dans l’automobile par exemple, de se former à l’utilisation d’un pistolet à peinture. Grâce au dispositif haptique intégré à un pistolet à peinture classique, ils ressentent réellement les vibrations générées par le volume de peinture projeté et toutes les autres spécificités de ce type d’appareils. Outre le réalisme, ce dispositif à l’avantage d’éviter d’utiliser de la peinture et donc de réduire les coûts et l’impact sur l’environnement.
Nous avons également décliné notre veste dans un modèle entièrement modulable qui permet de varier la position des 20 actionneurs. Ainsi, les clients peuvent avoir un retour haptique sur d’autres parties du corps que le torse.
On imagine également d’importants débouchés dans la formation médicale. Qu’en est-il ?
C’est un secteur sur lequel nous souhaitons nous positionner mais il est difficile de courir plusieurs lièvres à la fois. D’autant que c’est un secteur avec de nombreuses normes, qui varient d’un pays à l’autre. Alors, pour l’instant, le secteur médical est un champ encore inexploré pour Actronika, mais cela pourrait changer dans les mois à venir. Néanmoins, nous travaillons déjà sur l’accessibilité, la méditation...
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’utilisation de l’haptique en matière d’accessibilité ?
A date, nous n’avons pas d’annonce concrète à faire mais discutons avec différents acteurs et travaillons sur le projet européen « Muse It ». L’idée est de rendre l’art accessible aux personnes qui n’y ont pas accès en raison d’un handicap, comme la cécité ou la surdité.
Notre projet est de restituer la peinture par le toucher. Nous pouvons simuler les formes mais aussi les couleurs, de façon subjective évidemment.
On peut également utiliser l’haptique pour guider un malvoyant à l’aide de vibrations qui lui indiqueront précisément la localisation des obstacles.
Nous avons par ailleurs conçu une veste qui restitue la musique grâce aux vibrations. Idéale pour les malentendants, elle démultiplie les sensations des entendants.
Le jeu vidéo est un secteur en croissance constante, notamment grâce aux jeux d’actions qui semblent le support parfait pour votre veste. Comment le grand public a-t-il accueilli votre produit ?
A vrai dire, la grande majorité des joueurs ne connaissent pas encore notre veste. La raison est simple : peu de jeux grand public la supportent en natif. C’est pour cette raison que nous proposons différents outils gratuits aux développeurs. Compatibles avec Unreal Engine et Unity, ils permettent d’intégrer assez facilement le retour haptique dans un jeu. Plus de 200 effets sont déjà disponibles et chacun peut en développer de nouveaux. Mais nous savons que l’adoption d’innovations de rupture prend toujours du temps…
En dehors de la veste Skinetic, travaillez-vous sur d’autres périphériques haptiques ?
Nous sommes une structure relativement petite et développer de nouveaux produits demande d’importantes ressources. C’est pourquoi, à l’heure actuelle, nous n’avons pas de nouveaux projets dont nous pouvons parler. En revanche, nous réfléchissons en permanence aux moyens d’offrir toujours plus d’immersion, comme avec une combinaison complète par exemple.
Mais si nous ne développons pas de nouveaux produits sous notre marque, nous avons un partenariat avec ProTubeVR. Ils conçoivent, entre autres, des armes pour la VR qui sont utilisées aussi bien dans le gaming que pour la formation et l’entrainement des forces de police ou des armées. Le réalisme est donc primordial. ProTubeVR développe le système de retour de force et nous la partie haptique. Si j’en crois les retours des utilisateurs, le résultat est tout simplement incroyable !
Pouvez-vous nous parler de la feuille de route d’Actronika pour 2024 ?
Notre principal axe de développement pour 2024 est l’international et, en particulier, le Moyen-Orient. En effet, des endroits comme Dubaï sont extrêmement friands des nouvelles technologies de divertissement. C’est un axe stratégique car cela permettra d’accroître la notoriété de la société. L’autre objectif est d’accélérer l’adoption de notre veste Skinetic. Nous discutons, notamment, avec d’importants éditeurs de jeux vidéo pour qu’ils intègrent en natif le support de la veste dans leurs développements. A suivre donc…
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